10 ans d’independence du Kosovo : Histoire d’un état au présent
Comment un Etat peut-il se construire au cœur de l’Europe à la fin du XXème siècle ? La chute du Rideau de Fer a libéré de nombreuses aspirations à l’indépendance nationale. A l’occasion des dix ans de l’indépendance du Kosovo, l’ISEAL a jugé important de réfléchir sur l’expérience unique qu’offre le cas kosovar en Europe, lors d’un colloque qui aura lieu le 10 février 2018. L’Etat-nation, vénéré ou décrié, demeure le cadre principal dans lequel les peuples peuvent s’exprimer.
Le 17 février 2008, le Kosovo proclamait unilatéralement son indépendance. Après une guerre courte mais sanglante, à la fin des années 1990, la communauté internationale, par l’intermédiaire de l’ONU et de l’Union européenne, avait décidé de prendre ce nouvel Etat planté au cœur de l’Europe sous son aile. Depuis, le Kosovo indépendant tente de construire un Etat démocratique et stable.
Dire que tous les nuages suspendus au-dessus du berceau kosovar se sont dissipés serait évidemment abusif. Il n’empêche qu’un travail considérable, dans des conditions difficiles, a été accompli pour doter ce nouvel Etat de structures lui permettant non seulement de fonctionner, mais aussi de se penser un avenir. Mais ce n’est toutefois pas pour tirer un bilan de ces dix années s’indépendance que l’Institut suisse d’études albanaises de Lausanne (ISEAL) a décidé d’organiser un colloque le 10 février 2018, dans les locaux de l’Institut des hautes études en administration publique (Idheap), à Chavannes-près-Renens.
Le but de ce colloque est de comprendre, à travers le cas kosovar, comment se construit un Etat aujourd’hui. Le Kosovo n’avait qu’une expérience restreinte de l’autodétermination puisque, pendant les années qui suivirent les premières guerres balkaniques, il était entré dans le concert des nations sous la forme d’un quasi-protectorat. Les fonctionnaires nommés par les puissances internationales garantes de sa survie étaient omniprésents, l’apprentissage de la gestion d’un Etat moderne en fut ralenti.
S’il n’a pas jailli de terre ex nihilo, le Kosovo représente malgré tout le seul exemple d’un Etat du continent européen reconnu (du moins très largement) et constitué récemment. Il a dû trier dans les modèles administratifs, donner une cohérence à un ensemble plutôt hétérogène, organiser sa charpente juridique, inventer ses propres synthèses pour pouvoir développer ses politiques publiques.
Mais comment a-t-il procédé ? C’est cette découverte de la construction d’un Etat que le colloque du 10 février souhaite explorer. Le cas kosovar, qui ne peut qu’intéresser la Suisse vu l’importante communauté en provenance de ce pays qui y réside, raconte non seulement l’histoire d’un Etat neuf, il nous enseigne aussi l’apprentissage d’un Etat-nation au seuil du XXIème siècle.